Communauté de Communes du Lunévillois

 

Le gouvernement français, sous la houlette de l'animateur Stéphane Bern, a lancé un mécénat populaire pour restaurer une partie du patrimoine en péril. Sous forme de loto organisé en septembre, il devrait permettre à l'Etat de récolter entre 15 et 20 millions d'euros et participer à la restauration de 269 bâtiments. L’église Saint Jacques de Lunéville et son hôtel abbatial attenant, font partie des heureux élus. 

 

  • Jacques Lamblin, maire de Lunéville

" Fin avril, nous avons eu l’agréable surprise de découvrir que l’église Saint-Jacques était sélectionnée pour le loto du patrimoine. La nouvelle me fut confirmée à l’Elysée lors d’une réception, organisée le 31 mai, réunissant toutes les collectivités concernées par le projet porté par Stéphane Bern.

Saint-Jacques, construite entre 1730 et 1747 et classée parmi les monuments historiques depuis 1926, est un bijou de notre patrimoine. De style baroque rococo, son architecture a été profondément influencée par l’art baroque en vogue dans les pays d’Europe orientale et centrale. Son orgue, aux qualités remarquables est unique au monde par ses tuyaux cachés grâce à un décor en trompe l’œil conçu par Emmanuel Héré.

Notre sélection n’est pas seulement une chance, mais aussi un encouragement qui confirme les choix entrepris par la municipalité pour la préservation de notre patrimoine.  L’édifice a bénéficié de restaurations multiples ces 20 dernières années, notamment sur l’orgue, les vitraux et les tableaux. La rénovation de la façade ouest et celle de l’Autel de la Vierge sont les prochaines étapes.

Espérons que l’engouement des citoyens pour ce loto contribuera à nous soutenir dans ces démarches et à faire rayonner Lunéville sur le territoire national. "

 

La Mission Stéphane bern

A partir du 3 septembre prochain et pendant plusieurs semaines, un loto du patrimoine va être organisé. Des tickets de jeu à gratter seront proposés au  prix de 15 euros dans des points de vente de La Française des jeux et sur Internet. Sur le prix de vente de chaque ticket, 1,52 euro sera reversé à la Fondation du patrimoine qui répartira ensuite les bénéfices aux projets patrimoniaux retenus. La mission Stéphane Bern, chargée, entre autre, de mener l'inventaire des sites à préserver, en a identifié 2000 dans toute la France. En Lorraine, l’église Saint Jacques fait partie des heureux élus.

Emblématique, unique et dotée d’une histoire qui la lie intimement à celle de la ville, l’entretien de l’église Saint-Jacques va nécessiter prochainement des travaux qui pourraient être, en partie, financés avec l’argent de ce loto.

        

Aux origines : Saint-Rémy

La première pierre de l’église Saint-Jacques est posée le 20 juillet 1730 sur l’emplacement d’une ancienne église dédiée à Saint-Remy, au sommet d’un monticule qui forme le centre de la cité. L’église est d’abord affectée au service des chanoines de l’abbaye de Saint-Augustin, qui occupaient l’actuel Hôtel de Ville et l’Hôtel Abbatial. Lors de sa consécration, l’église est placée sous le vocable de Saint-Remy, comme la précédente.

Cependant, une église paroissiale voisine, l’église Saint-Jacques, menace ruine. Le roi Stanislas décide donc de la faire détruire et de placer la nouvelle sous le patronage de Saint-Jacques.

Voici comment l’abbatiale Saint-Remy devient la paroissiale Saint-Jacques. Voici également pourquoi la place Saint-Jacques, voisine, porte le nom d’une ancienne église aujourd’hui disparue et pourquoi la place Saint-Remy, conserve la mémoire d’une première église, elle aussi disparue.

         

Lors de sa consécration, le 20 octobre 1745 en présence de l’Evêque de Toul, du roi Stanislas et de toute sa cour, l’abbatiale n’est pas encore dotée de ses deux tours, ni de son horloge, ni des fonts baptismaux ni même de son orgue. Pour contribuer à son achèvement, Stanislas offre la somme de 134.200 livres.


Grandeur de l’architecture

  • Les architectes

L’édifice, commencé par l’architecte Romain, sur les plans de Boffrand est achevé vers 1747 par Héré, le célèbre architecte de la place Stanislas de Nancy. L’église Saint-Jacques est l’un des plus beaux monuments religieux de France du style dit Louis XV. L’église est classée au titre des Monuments Historiques depuis 1926.

  • Les deux tours

« De la place Saint-Jacques, toute proche, on distingue parfaitement les deux tours, rapprochées si heureusement l’une de l’autre qu’elles se font valoir mutuellement et s’élancent à l’envi dans les airs, étalant, surtout à partir du premier étage, la richesse de leur décoration. »*

Un guide du visiteur de 1936 ne manque pas de souligner les élégantes proportions et les somptueux détails de l’ornementation extérieure de l’église. Les tours s’élèvent à 52 mètres de hauteur et sont coiffées des sculptures de Saint Michel tenant enchainé le dragon et de Saint Jean Népomucène, une croix à la main.

      

Surmonté d’un fronton dans lequel une figure colossale du Temps entourée d’anges supporte une horloge monumentale, le portail est paré de deux niches qui, depuis 250 ans, attendent patiemment leurs statues. Dans le tympan à demi-effacée, on devine l’inscription : « Au Dieu de paix ».

Habilement sculpté en plein chêne, le tambour d’entrée offre de magnifiques motifs : violon, luth, cor de chasse, lyre et cornemuse. Il apporte d’emblée au visiteur les indices sur les très nombreux éléments retrouvés à l’intérieur : mille et un détails se rapportant à la musique. Outre l’orgue, l’église regorge d’allusions plus ou moins voilées à la musique. Celle qui, religieuse, vise à toucher les sens et élever l’âme vers le divin.

 

En marbre, l’autel provient de l’ancienne église Saint Jacques, expliquant en partie son sous-dimensionnement par rapport à la majesté de l’église qui l’entoure. L’autre explication, plus prosaïque tient aux finances exsangues qui empêchèrent les constructeurs de doter leur ouvrage d’un autel en rapport avec l’ampleur de l’édifice. Quant au chœur, il est « construit sur un hémicycle à deux rangées de stalles surmontées de boiseries richement sculptées et s’ouvrant au fond par une fort jolie porte à deux vantaux donnant accès à la sacristie. Les 38 stalles avec leurs miséricordes, toutes sculptées sur des dessins différents, étaient dignes des vénérables chanoines qui devaient y siéger. Comme le tambour d’entrée et la chaire, elles sont l’œuvre de l’un ou de plusieurs d’entre eux. »*

Le plan de l’édifice relève de la Croix latine. 56 mètres de long, 24 mètres de large et 18 mètres sous voûte. La nef, de quatre travées en plein cintre, est supportée par de robustes et élégantes colonnes ioniques légèrement renflées.

 

Remarquables boiseries

 

 «Ce que Saint-Jacques contient de plus remarquable, c’est sans contredit, l’ensemble de ses merveilleuse boiseries. »  E. Géradin, Curé-Archiprêtre de Saint-Jacques,1936
  • La chaire

En chêne sculpté, la chaire s’adosse à un pilier du transept. Les personnages qui font saillie sur les panneaux de la cuve représentent les quatre grands Docteurs de l’Église latine : les saints Jérôme, Grégoire, Augustin et Ambroise. Le baldaquin s’achève par un vase d’où semble jaillir une flamme, puissant symbole de la foi dans la religion catholique et lumière divine qui éclaire le monde.

  • Les stalles du chœur

Aux ornementations typiques du style Louis XV, se mêlent harmonieusement de nombreux sujets en rapport avec les diverses fonctions liturgiques qui s’exécutent dans le chœur : l’office divin qui se chante au lutrin et le Saint Sacrifice de la messe qui se célèbre sur l’autel, près du tabernacle par les ministres consacrés.

Les deux panneaux latéraux évoquent Saint Pierre Fourrier, réformateur des chanoines réguliers dont l’église Saint Jacques, rappelons-le, était à l’origine l’abbaye, et Saint Augustin, leur saint patron.

 

De part et d’autre, 10 panneaux de chêne sculptés entremêlent la présentation de divers instruments de musique, le culte de l’Eucharistie, la Passion du Christ, le Sacrifice de la messe et, dans un médaillon, l’Arche d’alliance

Les confessionnaux originaux, probablement de même nature et tout aussi digne d’intérêt, furent brûlés le 22 novembre 1793 sur la Place du peuple (actuelle place Léopold), avant d’être remplacés par d’autres sans réelles valeurs.

 
Un orgue magistral

 

« Les grandes orgues qu’on entendit pour la première, le 21 février 1751, sortent, comme celles de la cathédrale de Nancy, des ateliers Dupont de Malzéville. Elles comptent 44 jeux répartis en 3 claviers et un pédalier, et sont d’une belle et puissante sonorité. »*

Rénové en 1914 puis entre 1998 et 2003, l’orgue de l’église Saint Jacques et sa tribune mêlent une riche décoration à des effets de perspective, absolument originaux et magnifiques pour l’époque. C’est le seul exemple connu au monde d’orgue sans tuyaux, il y en a 3880, apparents.

Chef d’œuvre de Héré, l’orgue de l’église Saint-Jacques frappe par son originalité et sa magnificence. Son ornementation un peu théâtrale n’en est pas moins d’une grâce extrême. Au milieu de la balustrade, un trophée porte les armoiries de Stanislas. Une couronne royale sur un coussin surmonte le tout.

 

  • Les armes de Stanislas

Une tête de buffle centrale, symbole de la famille des Leszczynski. Deux aigles rappellent que Stanislas fut roi de Pologne avant d’arriver en Lorraine, et bien que n’ayant jamais vraiment régné dans son pays, il put en conserver le titre. Les deux cavaliers sont des cavaliers lituaniens qui rappellent  également le titre de grand-duc de Lituanie de Stanislas.



Sur la balustrade, des anges, s’exercent avec gravité à divers instruments tandis qu’à leurs pieds, sur les pilastres qui leur servent d’appui, de petits motifs dorés représentent un tambour, une musette et un luth. Plus haut, en arrière, apparait une deuxième galerie en chêne surmontée en son milieu par un ange recouvert d’or brandissant un bâton de chef d’orchestre. Sur le même plan que cette galerie, prennent naissance d’élégantes colonnes qui supportent un magnifique entablement, couronné d’énormes pièces sculptées se perdant dans à la voûte dans la perspective d’une peinture murale figurant les parterres un jardin à la française.

 

 

Sculptures et peintures et remarquables

Monument en pierre en forme de cénotaphe, l’ensemble accueillit jadis les entrailles du roi Stanislas, bienfaiteur de l’église Saint-Jacques et de Lunéville. Cependant, en 1793, la Convention ayant prescrit de convertir en balles le plomb des cercueils, on jeta les viscères du roi sur la voie publique. Si bien qu’aujourd’hui, ce caveau privé de son contenu n’est plus qu’un monument vide, in Memoriam.

Une tradition locale assigne comme lieu de sépulture de ce remarquable esprit des Lumières, la dalle de marbre noir sans inscription que l’on peut voir à l’entrée de la nef principale. Aucune certitude, sinon celle de savoir qu’elle fut jadis inhumée dans la crypte de l’église.

 

Parmi les nombreuses toiles que contient l’église Saint Jacques, deux sont particulièrement remarquables, toutes deux du peintre Jean Girardet (Lunéville 1709-Nancy 1778), peintre attitré de Stanislas et auteur des célèbres peintures de l’Hôtel de Ville de Nancy. Il s’agit d’un Saint-Joseph absolument magnifique et un Christ en Croix tout aussi remarquable. Cependant, de nombreuses autres œuvres peintes méritent tout autant que l’on s’attarde à leur découverte.

Le trésor de l’église Saint-Jacques

 

  • Jean-Louis Janin Daviet - Commissaire de l'exposition

"Ce trésor qui réunit quelques unes des plus rares et des plus belles pièces de l'art sacré sont issues de patientes acquisitions réalisées par la Ville de Lunéville et de collections privées. Cette présentation dans l'écrin de l'église Saint Jacques est absolument unique et exceptionnel."

Visible tout au long de l'année, une impressionnante collection de trésors est présentée à l’intérieur de la Tour de la Cloche de l’église Saint-Jacques. Cette exposition du service municipal des Affaires culturelles présente, entre autres reliquaires somptueux, statues et livres de piété, de biens magnifiques objets de culte, à découvrir sans plus tarder.

 
* Toutes les citations sont extraites du fascicule « L’église Saint Jacques de Lunéville, son histoire, sa description, ses curiosités artistiques », E. Géradin, 1936, avec aimable autorisation.

Photos : CCTLB et Ville de Lunéville.

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