Vous êtes ici :

Accueil>La playlist d'Emilie, épisode 6 : Rameau

Imprimer cette page en utilisant la fonction Imprimer de votre navigateur

La playlist d'Emilie, épisode 6 : Rameau

En 1748, alors qu’elle a suivi Voltaire à la cour du roi Stanislas à Lunéville, Émilie du Châtelet interprète le rôle-titre d’une pastorale héroïque créée cinquante ans plus tôt à Fontainebleau pour le mariage de Louis de France et de Marie-Adélaïde. L’opéra tombe ensuite dans l’oubli et il faudra patienter 250 ans et les 02, 03 et 04 juin prochains pour enfin voir se réveiller les incroyables personnages créés par Destouches grâce aux efforts conjugués de la Communauté de Communes du Territoire Lunéville à Baccarat et du chef de Chœur Vincent Tricarri.

Pour patienter, retrouvez chaque semaine sur la page Facebook « Émilie(s) » un nouvel épisode de la Playlist d’Émilie consacré aux œuvres et compositeurs baroques qui ont fait du XVIIIème siècle celui la grande musique…

Le compositeur

 

 

Les quarante premières années de la vie de Rameau sont relativement mal connues, notamment à cause des incessantes fonctions qu’occupe l’homme à travers la France : on le trouve violoniste itinérant (1700), organiste aux cathédrales d'Avignon et de Clermont-Ferrand (1702-1706), à Paris (1706), Dijon (1709), Lyon (1713) et finalement, à partir de 1722,  de façon définitive à Paris où il publie d’emblée un ouvrage important de théorie musicale : « Traité de l'harmonie réduite à ses principes naturels ».

Une carrière tardive

Comment deviner alors que ce théoricien abstrait, peu sociable, sec et cassant, sans emploi stable, déjà âgé, qui n'a presque rien composé à une époque où l'on compose jeune, vite et beaucoup, va devenir quelques années plus tard le musicien officiel du royaume, le « dieu de la danse », la gloire incontestée de la musique française ?

Rameau intègre le cercle d’artistes qu’entretient autour de lui le fermier général Alexandre Le Riche de La Pouplinière, l'un des hommes les plus riches de France  et ne tarde pas à diriger son orchestre privé. À cinquante ans, Rameau est certes un théoricien rendu célèbre par ses traités sur l'harmonie et un musicien de talent apprécié mais son œuvre de compositeur se limite à quelques compostions et trois recueils de pièces de clavecin.

Pendant les sept années suivantes, Rameau va donner toute la mesure de son génie et rattraper le temps perdu en composant quelques-unes de ses œuvres les plus emblématiques : trois tragédies lyriques et deux opéras-ballets dont les Indes Galandes en 1735.

Cependant, après ces quelques années où il produit chef-d'œuvre après chef-d'œuvre, Rameau disparaît mystérieusement de la scène lyrique et même presque de la scène musicale parisienne.

Alexandre Le Riche de La Pouplinière, longtemps mécène de Rameau

Come-back et polémique

Après six années de silence, Rameau réapparaît sur la scène lyrique et va, en cette année 1745 à près de 62 ans, quasiment la monopoliser avec cinq nouvelles de ses œuvres. Rameau devient le musicien officiel de la cour : il est nommé « Compositeur de la Musique de la Chambre de Sa Majesté » le 4 mai 1745. Cependant, aux nouvelles compositions se succèdent bientôt ses nouvelles activités polémiques et pamphlétaires qui aboutiront à ses virulentes prises de position dans la Querelle des Bouffons (voir épisode 5) qui se conclura par le renouvellement des formes musicales françaises.

Anobli, Rameau continuera à composer au-delà de sa quatre-vingtième année avant de finalement s’éteindre le 13 septembre 1764. On raconte qu’au dernier jour de sa vie, il enjoint le prêtre venu lui administrer l’extrême onction de ne pas chanter si faux.

 

L’œuvre

Rameau a composé dans presque tous les genres en vogue en France à son époque. Néanmoins, tous ne sont pas à égalité dans sa production. On peut notamment remarquer qu'il s'est consacré à la musique lyrique (dans ses différentes facettes) de manière quasiment exclusive durant les trente dernières années de sa carrière, en dehors de ses travaux théoriques.

L'œuvre lyrique de Rameau forme la plus grande partie de sa contribution musicale et marque l'apogée du classicisme français, dont les canons s'opposèrent avec force à ceux de la musique italienne jusque tard au cours du XVIIIe siècle. Dans ce domaine, la création la plus célèbre du compositeur est l'opéra-ballet Les Indes galantes en1735. Cette partie de sa production est restée oubliée pendant près de deux siècles, mais bénéficie aujourd'hui d'un mouvement incontestable de redécouverte. Ses œuvres pour clavecin, en revanche, ont toujours été présentes au répertoire : Le Tambourin, L'Entretien des Muses, Le Rappel des Oiseaux, La Poule, entre autres pièces connues, furent jouées au XIXe siècle (au piano) à l'égal de celles de Bach, Couperin ou Scarlatti.

Rameau est considéré comme l'un des plus grands musiciens français et comme le premier théoricien de l'harmonie classique : ses traités d'harmonie, malgré certaines imperfections, font toujours figure de référence.

 

 

Traité de l'harmonie réduite à ses principes naturels

Publié à Paris en 1722 par un Rameau âgé de 39 ans - mais qui n’est qu’à l’aube de l’une des plus brillantes carrières de la musique classique française - le traité de l’harmonie réduite à ses principes naturels apparait rapidement  comme un ouvrage fondamental dans le développement de la musique occidentale. Il valut d’ailleurs à Rameau d'être considéré comme le plus savant musicien de son époque.

Avec pour ambition de faire de la musique une science alors qu’elle était jusque-là considérée comme un art, Rameau conduit tout au long de son ouvrage en quatre parties la démonstration que la musique et les sons répondent avant tout à des principes « naturels », c’est-à-dire pour l’époque des principes physiques et mathématiques.