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(Re)découvrez l’église Sainte Jeanne d’Arc

Il est à Lunéville un joyau méconnu dont seuls quelques habitants en connaissent la valeur. Et si chaque Lunévillois en devine aisément la silhouette, peu soupçonnent en revanche son importance pour l’histoire de la ville et son formidable potentiel touristique. (Re)découvrez Sainte Jeanne d’Arc, véritable bijou architectural, artistique et symbolique de Lunéville.

« C’est en France l’église des grandes premières ! » commente d’emblée Catherine Guyon (voir encadré). Première église paroissiale consacrée à Jeanne d’Arc au lendemain de sa béatification, première utilisation dans l’art religieux de l’Est de France du béton armé en remplacement de la charpente de bois traditionnellement utilisée, plus grand ensemble de vitraux Johanniques... Les superlatifs seraient encore nombreux tant cette église recèle de trésors.

L’histoire de Lunéville

Depuis 1870, nombreux sont les alsaciens et les Mosellans à transférer leurs activités et s’installer à Lunéville dont la population double en moins de 20 ans. Aux quartiers qui sortent de terre, il faut édifier une nouvelle église. Les riches industriels décident de financer la construction d’une église paroissiale qui, sur accord du Pape Pie X, sera la première consacrée à Jeanne d’Arc dont la béatification intervient en 1909 et la canonisation en 1920.

Edifiée en 18 mois seulement, un record, l’église est bâtit avec les procédés les plus modernes, privilégiant une ingénieuse charpente en béton armé et faisant intervenir une grue, grande découverte pour les Lunévillois d’alors qui n’en avaient jamais vu auparavant dans leur ville.

"Consacrée en octobre 1912, l’église Sainte Jeanne d’Arc accueillait chaque dimanche à 8 heures une messe en alsacien et la nef résonnait de chants en dialecte."

  • Catherine Guyon  

 

Parcourue de symboles

L’église Sainte Jeanne d’Arc de Lunéville est remarquable à plus d’un titre. D’abord son architecture, reconnaissable entre mille. Aux allures de château fort, meurtrières, galeries de mâchicoulis, échauguettes, hallebardes, créneaux et donjon renvoient immanquablement à l’époque de Jeanne d’Arc. Conçue à l’image du château comme lieu de refuge, l’église est d’abord celle des Alsaciens et Mosellans qui ont fui l’annexion de 1870. Faisant face à la ligne bleue des Vosges, elle dresse sa silhouette altière comme un refuge, une forteresse défiant les voisins allemands. 

Consacrée à Jeanne d’Arc, la nouvelle église paroissiale érige la jeune Sainte en modèle de vertu : « Jeanne d’Arc a quitté ses terres dans un contexte difficile, s’est engagée au service de la France pour ramener la paix dans un pays ravagé par la guerre, au péril de sa vie, et n’a jamais capitulé face à l’adversité » résume Catherine Guyon « En 1912 lors de sa consécration, ces symboles forts semblent annoncer de façon prémonitoire les affres des guerres toutes proches ». 

          

Des vitraux uniques au monde

Si l’église est remarquable et unique au monde, c’est sans conteste grâce à son ensemble de vitraux consacré à la vie de Jeanne d’Arc. Le plus grand et le plus exceptionnel ensemble Johannique du monde. La nef sert d’écrin à une succession de 28 vitraux dont 26 en lien direct avec la sainte puisqu’ils en retracent la vie, de Domrémy à sa béatification.

Sur plus de 400 m², le parcours de Jeanne d’Arc est remarquablement illustré par le travail de deux verriers d’art nancéens. Réalisés entre 1912 et 1947, les vitraux sont peuplés de personnages existants dont des Lunévillois connus : M. et Mme Majorelle, cousins Lunévillois du célèbre Louis ; Marie Parmentier, fille unique de maire de Lunéville François Parmentier (1848-1870) ; Alphonse Mougenot, docteur en droit tué à Frescaty en 1914 ; Célestin Mangenot, célèbre vétérinaire équin de Blâmont ; M. Traxelle, banquier de Lunéville ; l’abbé Gérardin, curé-bâtisseur de l’église ; Pierre Ferry fils de l’électro-décorateur du théâtre de Lunéville et tant d’autres dont de nombreux soldats tombés lors des combats du Léomont. Jeanne, pour le vitrail relatant sa dernière communion, prend les traits de la jeune Jeanne Leroy de Lunéville, jeune fille décédée peu après sa première communion et dont la maman fit don du vitrail en hommage.

Jeanne d’Arc, symbole intemporel

Deux vitraux s’extraient de la vie de la sainte et l’inscrivent dans l’histoire de la France. Notamment celui consacré à la protection des poilus où Jeanne, en tenue de combat, épée à la main, semble depuis le ciel accompagner un assaut de poilus et renvoyer vers un épisode de la Grande Guerre, « le miracle de la Marne » attribué tantôt à la sainte tantôt à Marie au cours duquel elles empêchèrent l’avancée des troupes allemandes vers Paris. Apparait le père Charles Umbricht, professeur de Lettres à Saint-Sigisbert de Nancy puis à Saint Pierre Fourrier de Lunéville, aumônier de division d’infanterie et Légion d’Honneur dont une rue de Val-et-Chatillon porte le nom et qui rappelle les aumôniers de guerre qui au milieu des champs de bataille apportaient soutien, consolation et humanité.

(Re)découvrir l’église Saint Jeanne d’Arc

L’église se visite gratuitement en groupe de minimum 8 personnes, sur réservation auprès de la Maison du Tourisme du Pays du Lunévillois (tél. 03 83 74 06 55) ou lors des Journées du Patrimoine, le 22  septembre prochain à 15h.

  • Catherine Guyon

   Véritable spécialiste française de Jeanne d’Arc dont elle anime régulièrement des colloques internationaux, Catherine Guyon est agrégée d’histoire, Maître de conférences habilitée à l’Université de Lorraine, spécialiste d’histoire médiévale et d’histoire de l’Art. Elle est également correspondante de la prestigieuse Académie de Stanislas, société savante fondée en 1750 et Présidente de l’association des Amis du Château de Lunéville et de son Musée. 

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