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Merranderie Kryzs, l'art de transformer les grumes

A Reherrey, petit village situé à 10 km de Baccarat et 30 de Lunéville, la famille Kryzs travaille le bois depuis quatre générations.

Après avoir oeuvré dans l'exploitation forestière, elle a changé son fusil d'épaule suite à la tempête de 1999 en se lançant dans la confection de merrains. Ces pièces calibrées servent à la fabrication des fûts et tonneaux où viennent se lover vins et alcools français. Tout un art et toute une histoire !

Du grand-père au petit-fils...

La saga familiale commence en 1922 lorsqu'Antoine Kryzs, arrivant tout droit de Pologne, se lance dans l'exploitation forestière en se servant de boeufs pour le débardage. Son fils François modernisera l'entreprise en investissant dans des tracteurs. Puis René, petit-fils, actuel maire de Reherrey, continuera à développer l'activité jusqu'en 1999. “On faisait deux grosses ventes par an. Après la tempête qui a particulièrement touché notre région, nous avons souhaité prendre une autre direction.”

Un an plus tard, la merranderie voyait officiellement le jour, près d'un ruisseau. “La présence d'un cours d'eau était une nécessité”, souligne Nicole Kryzs, l'épouse de René. “Il convient en effet d'arroser les grumes très souvent pendant les beaux jours pour éviter que les mouches n'y viennent faire des trous et donc abîmer le bois.”
La merranderie de Reherrey – il en existe seulement deux autres en Lorraine et une vingtaine en France – achète exclusivement du chêne ! “Les arbres proviennent de tout le Grand Est, de Sedan à Mulhouse.”

Les grumes stockées à l'air libre sont toutes dotées d'un étiquetage spécifique. “C'est pour la traçabilité”, souligne Nicole. “N'oublions pas que si notre bois ne se mange pas, il contient du vin qui sera bu tôt ou tard !”


Avoir l'oeil et la main


La quatrième génération – Nicolas et Emilie, les enfants de René – a repris  en 2007 les rênes de l'entreprise  qui emploie 12 personnes et fabrique des merrains pour des tonneliers de Bourgogne et de Cognac. “Quand le grain du bois est fin, les merrains sont destinés aux cuvés de prestige, quand ce grain est plus gros, les merrains conviennent parfaitement aux alcools.”


Dans le grand hangar, les ouvriers s'attellent à la tâche sur les différents postes de travail pour transformer les grumes de chêne en pièces calibrées : à la tronçonneuse (pour la découpe du chêne en billons), à la dédoubleuse (pour déterminer l'épaisseur des merrains), à la déligneuse (pour déterminer leur largeur), etc.
“A côté des machines, l'oeil et la main ont également une grande importance”, insiste Nicole. “Il faut savoir lire le bois.”  Fabriquer des merrains, c'est comme un métier d'art, en quelque sorte.

Les grumes sont-elles toujours transformées en entier en pièces calibrées ? “Sur un m3 de bois traité, seulement 20%”, souligne René Kryzs. “Le bois contenant des éclats d'obus n'est jamais utilisé pour la confection des merrains.” Les chutes sont recyclées, prenant la direction de Rambervillers où une entreprise spécialisée les utilise dans la réalisation de panneaux compressés, etc.
Chaque année, la merranderie Kryzs produit quelque 600 m3 de merrains. Une tradition familiale et un savoir-faire spécifique au service de l'excellence française.